La cour d’assises
C’est la formation qui juge les personnes accusĂ©es d’avoir commis un crime. Elle . est rattachĂ©e Ă la cour d’appel de son lieu de rĂ©sidence.
Le crime est l’infraction punie par une peine de rĂ©clusion supĂ©rieure Ă dix ans ; homicide volontaire, viol, vol Ă main armĂ©e(braquage), grosse affaire de stupĂ©fiants…
Elle se compose de magistrats professionnels et d’un jury ; le prĂ©sident de la cour d’assises, titulaire de son poste, est assistĂ© de deux magistrats professionnels venant du tribunal ou de la cour d’appel ; ces derniers sont dĂ©signĂ©s pour une session d’assises qui dure trois semaines, en gĂ©nĂ©ral.
Le jury est composĂ© de six jurĂ©s et de neuf jurĂ©s en cour d’assises d’appel, plus des jurĂ©s supplĂ©ants ; il s’agit de citoyens inscrits sur les listes Ă©lectorales et tirĂ©s au sort ; on ne peut refuser sauf motif grave, maladie ou indisponibilitĂ© professionnelle, ou plus de 70 ans ; c’est un devoir et un honneur de devenir juge d’une session ; une trentaine de citoyens se retrouve sur les bancs de la cour d’assises en attendant le tirage au sort.
Le prĂ©sident de la cour d’assises met tous les noms dans l’urne et tire au sort les jurĂ©s ; l’avocat de la dĂ©fense peut en rĂ©cuser quatre et le Parquet, trois ; sur la liste donnĂ©e Ă l’avocat, figurent l’identitĂ©, l’Ăąge, la profession et l’adresse des futurs jurĂ©s ; je mets une croix devant le nom de ceux que je souhaite rĂ©cuser ;souvent les plus jeunes car ils jugent trĂšs sĂ©vĂšrement ; parfois, le client me fait part de ceux qu’il ne dĂ©sire pas avoir comme jurĂ©s ; la rĂ©cusation fait l’objet d’une discussion avec l’accusĂ©.
Le jurĂ©, tirĂ© au sort, se rend sur l’estrade de la cour et s’assied sauf rĂ©cusation.
Quand le jury est constituĂ©, le prĂ©sident leur lit le serment du jurĂ© et recueille leur approbation, l’un aprĂšs l’autre.
Les parties au procĂšs sont l’accusĂ©, la partie civile qui est la victime ou son reprĂ©sentant, le Parquet reprĂ©sentĂ© par l’avocat gĂ©nĂ©ral.
Lors du procĂšs d’assises, seuls, les avocats de l’accusĂ© et de la partie civile, le Parquet le PrĂ©sident, connaissent le dossier ; Lorsque le jury est composĂ©, l’audience dĂ©bute par un interrogatoire d’identitĂ© de l’accusĂ© par le prĂ©sident, puis la constitution de partie civile (la victime ou ses ayant droits se constituent) ; enfin, il rĂ©sume l’affaire et demande Ă l’accusĂ© de donner son point de vue, innocent ou coupable ; il y a peu de surprises et on connaĂźt la rĂ©ponse Ă la lecture du dossier ; mais ni le jury ni les deux magistrats. Le prĂ©sident est le directeur de l’audience et dĂ©cide de l’ordre des interventions et des prises de parole ; il fait la police de l’audience ; un bon prĂ©sident impulse une bonne Ă©nergie Ă la session. C’est une procĂ©dure orale oĂč toute l’instruction du dossier se refait Ă la barre ; les policiers ou gendarmes ayant recueilli des dĂ©positions, les tĂ©moins du dossier et ceux proposĂ©s par une des parties, les experts sont entendus.
Le prĂ©sident questionne chaque personne dĂ©posant devant la cour, puis demande aux magistrats et au jury s’ils souhaitent poser des questions ; ensuite, la parole est donnĂ©e pour les questions Ă l’avocat de la partie civile, puis au ministĂšre public et en dernier, Ă l’avocat de l’accusĂ©.
On a toute latitude pour poser des questions ; la rĂšgle, non Ă©crite, est de ne pas le faire quand on ne connaĂźt pas la rĂ©ponse car le procĂšs irait dans une direction inconnue et ouvrirait la porte Ă des considĂ©rations pouvant nuire au client ; ce n’est pas le but, l’avocat doit dĂ©fendre la vĂ©ritĂ© de son client.
Lorsque les dĂ©bats sont clos et que plus personne ne souhaite Ă©voquer un Ă©lĂ©ment, l’avocat de la partie civile plaide, puis le ministĂšre public, qui reprĂ©sente la sociĂ©tĂ©, prend ses rĂ©quisitions et la parole est donnĂ©e en dernier Ă l’avocat de l’accusĂ© ; ce dernier pourra s’exprimer juste aprĂšs, s’il le dĂ©sire.
La cour d’assises va dĂ©libĂ©rer et l’accusĂ©, s’il n’est pas incarcĂ©rĂ©, est tenu Ă disposition dans une salle rĂ©servĂ©e.
Le dĂ©libĂ©rĂ© prend plusieurs heures ; il y a discussion entre tous les juges (professionnels et jurĂ©s) le vote s’effectue Ă bulletins secrets sur les questions posĂ©es Ă la cour (culpabilitĂ© et peine de prison) : puis la greffiĂšre de la cour appelle tout le monde, quand la dĂ©cision est prĂȘte Ă ĂȘtre rendue.
Le prĂ©sident rend la sentence, remercie les jurĂ©s qui s’en vont ; en cas de culpabilitĂ©, une audience civile se tient sur l’attribution de dommages et intĂ©rĂȘts demandĂ©s par la partie civile. Le prĂ©sident et les juges professionnels dĂ©libĂšrent rapidement et rendent la dĂ©cision : l’affaire est terminĂ©e sauf appel d’une partie ; la partie civile ne peut interjeter appel que sur le civil, Ă savoir les dommages et intĂ©rĂȘts et l’expertise Ă©ventuelle demandĂ©e.
Une audience de cour d’assises est un moment fort de la vie de l’avocat ; c’est l’endroit oĂč une personne sera jugĂ©e le plus efficacement possible car le temps n’est pas limitĂ© et tous les arguments peuvent ĂȘtre avancĂ©s.